Les raisins de la passion

Malgré les bougies, le rhum et une playlist caliente, il a bien perçu que je me crispais. Depuis combien d’années aucune bouche ne s’était approchée de mes lèvres humides ? Mes cuisses se détendaient en grand écart latéral à la vue d’un dard bien gonflé, mais se contractaient à l’avancée d’un visage, se fermaient à la langue pointée, à la bouche affamée… Et lui, il avait compris qu’il pourrait me rééduquer à ce jeu là. Un défi. Emue et réconfortée par la motivation sincère dont il faisait preuve. Par sa patience et les subtilités qu’il mettait au service de cette mission.
Faut dire qu’il avait su trouver quel atout jouer. J’ai toujours apprécié l’association sexe et bouffe, et en la matière, il est expert !
Un homme qui aime manger, faire à manger, donner à manger, saura ME manger!
Il déguste, savoure, apprécie, prend le temps de ça. Et ce n’est pas si fréquent.
Il sait oser les épices, doser les ingrédients,  fouetter, pétrir et laisser reposer…
Il sait offrir, et se ravir de faire plaisir… Je le regardais me préparer des crêpes tout en me racontant sa vie… Je l’écoutais m’expliquer sa macération rhum-fruit de la passion, tout en dessinant du bout des doigts l’ombre sèche de ses belles cuisses musclées…
Légère ivresse, et il m’installe un cocon dans le canapé moelleux, coussin sous mon cou, lumière des bougies, attentif.
« Ferme les yeux, ici tu peux te poser, te détendre, respire, lâche tout. »
D’abord, attendrir toute ma peau, partout, en la parcourant d’un plumeau duveteux. Sa voix douce.
« Tu ne mérites pas de souffrir, personne n’a le droit de te faire du mal ».
Je ferme les yeux. Ici, je peux accepter de me mettre en pause, confiante. Totalement.
Il a combien de mains, combien de bouches…
Fascinant d’intuition, il sait lire ce que ma peau réclame.
Raisins glacés.
En pointillés frémissant sur mon corps, en électrochoc sur mon clitoris, en caresse dans mon cou, en baiser de sa bouche à ma bouche, en glaçon introduit pour accompagner ses doigts, puis son sexe.
Un sexe qui prend le temps.
De me nourrir.

Je reviendrai.

Il égrène les grappes, congèle le raisin, prépare nos jeux.
Je me laisse nourrir toutes les lèvres par sa bouche.
Le glacé, à la lueur des flammes des bougies qu’il ne manquera pas d’allumer, le ventre qui brûle et ma conscience qui chavire.
Patiemment, il m’apprivoise.
Mes cuisses s’ouvrent, à chaque fois davantage…

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