Eclaboussée.

(ぶっかけうどん)

J’étais prévenue, mais ce fut un choc quand il m’a ouvert la porte. Une vingtaine d’hommes, debout, en cercle, à poil, de tous âges, majoritairement noirs ou métisses, queues capotées, certains se branlant pour maintenir des érections plus ou moins convaincantes. Attitudes un peu bravaches qui ne cachaient pourtant pas un certain malaise.
Au centre, une femme, sur le dos, petite cinquantaine très fine, beau sourire extatique (joint sur joint), nue, chaussures à très hauts talons à paillettes dorées. Trois hommes à genoux autour d’elle, deux se disputant sa bouche, le troisième la pilonnant. Étonnamment, le silence. Des spots de studio, un vidéaste « pro », et le mari qui s’agite en donnant des indications, tout en filmant avec le dernier iphone pro.

Mon ami, lui, est habillé. Il m’entraine derrière le bar, « Viens, ici, tu auras un bon angle », tout en précisant aux curieux que non, je ne participerai pas aux réjouissances.
Quand il m’a proposé d’être voyeuse, j’ai d’abord craint que mon allure sérieuse ne mette mal à l’aise les protagonistes du tournage, mais sourires et conversations m’accueillent.
Bukkake.
Dans une autre vie, j’ai parlé nippon… Arrêtez d’écorcher ce mot qui apparemment vous excite tant: c’est « Bou-ka-ké », les gars, et non  » bout (de) cake »…
J’attends donc THE moment, le final, ce fameux geyser collectif… En tournant autour de la scène, avec l’envie de dégainer mon mobile pour shooter ces culs dans toutes les nuances… Petits, larges, musclés, mous, rebondis, plats… Et recto, cette guirlande de burnes. Merde, ça me démange, un autre regard, le mien, féminin, parce qu’ils sont émouvants ces types en pleine lumière, qui ont tous répondu à l’annonce (la prochaine fois, le mari veut 60 hommes pour 2 femmes…). Là, ils sont 27, le mari ne sait plus trop, pour ce 5 à 7 discret, avec pour mission de se vider sur cette femme qui ne gémit même pas…
Une des paires à vider appartient à un homme qui semble échappé de l’asile, une autre à un vieillard à la peau flasque… Dans ce lot, seul un regard malicieux sur un corps vraiment attrayant, aurait pu m’inciter à un échange de 06, il est venu se présenter en me claquant la bise dès mon arrivée et j’aurais bien entraîné son sourire dans l’une des chambres, si je n’avais pas su en quoi consistent ses hobbies…
Ça y est, c’est l’heure, elle s’est fait un break joint et reprend la pause: crachez les gars !
C’est nettement moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, car évidemment, les types ne sont pas des robinets si rapides à actionner. C’est assez poussif, des petites giclettes, sans ces râles que j’aime tant quand toi, tu me remplis… Un rigolo ambiance un peu la scène, visiblement connu pour en contenir beaucoup, qu’il répand en plusieurs fois, mais je crois comprendre qu’il se rattrape là de piètres performance à la pénétration…
Mouais, tout ça pour ça ? Sauf que là, le mari annonce THE surprise !
Le voilà qui sort un haricot chirurgical et se met à y récupérer le foutre sur le visage de sa femme… Puis saisissant un entonnoir, également en acier chirurgical (j’en veux un pour ma cuisine !), verse le cocktail dans son vagin, puis paf, la pénètre, tout en l’embrassant et léchant son visage… Matériel médical détourné pour pratiques bdsm… Là, non, c’est trop pour moi, je suis partie me changer les idées dans la pièce à côté, loupant le dernier moment du show : tous les participants ramassent les capotes et leurs étuis pour les répandre « artistiquement » sur le corps nu (elle n’aura pas quitté ses chaussures et sera toujours restée sur le dos sur une sorte de méridienne gonflable apparemment conçue pour cette gymnastique).
C’est toujours ainsi que ça se termine, parait-il, et mon ami piaffe d’avoir vu ça, c’était si beau, ce dernier tableau !
Quelle putain de gourmande !
Ah bon ? Moi, je n’ai vu qu’une femme inerte, sexe et bouche ouverts…

Bukkake vient du verbe bukkakeru qui signifie « éclabousser d’eau », plus souvent utilisé au Japon, culinairement parlant, pour désigner le fait de recouvrir de sauce un plat, comme par exemple des udon. Au supermarché, dans les stands de street food, on trouve ce type de préparations, où l’accompagnement est versé sur les nouilles, bukkake-udon en bouillon dashi, bukkake-soba au porc Chashu et vinaigrette au sésame…

Plus tard, je questionnerai l’héroïne du jour sur sa véritable excitation… Moi, j’aurais la chatte en carton si la majorité de ces hommes approchaient ne serait que le petit doigt, beurk ! Mister Sourire, ok, oui (que je regrette encore de ne pas avoir retenu quand il est parti en me disant, « C., à une autre fois, j’espère… »).
Mais comment fait-elle? Zéro lubrifiant (zéro raz de marée non plus d’ailleurs)…
Je ne peux m’empêcher de penser aux nouilles…
Et à ton foutre, ton jus, ta liqueur, ton nectar, ta sauce, ta semence, ton suc, ton sirop, ton sperme, ton hydromel…
Le tien, le seul, étalé sur ma peau et laissé sécher… Humé, léché, avalé…
Eclaboussée.
Eclabousse moi. Encore.

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