o gué, vive la rose…

Mon amant me délaisse, qu’il aille se faire foutre !
La colère me va toujours aussi bien… Et n’allez pas me rétorquer que c’est contre-productif, zen soyons zen, la colère est une émotion merveilleuse et puissante, porteuse d’énergie, donc, de vie ! Et je suis vivante, bordel de merde (je sais, la formule revient souvent, que voulez vous, je suis une vieille radoteuse !)
Pas de noyade dans le rhum, ni overdose de chocolat pour la putain négligée, que nenni ! Mode teigne again, j’enfile les gants de boxe, run et rame, yogate et détoxe, ce n’est pas un blanc-bec à l’esprit sombre qui poussera ma vieille peau à l’agonie !
« Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ».
(Radoteuse, yes, again !)
La colère est mon terreau. A coups d’injustice et d’humiliation, j’ai appris à la transformer en énergie positive, créative, elle ne m’assomme plus, au contraire, elle me donne de la force, elle m’inspire, me propulse !
Et, magie, soudain, j’aimante mes amants d’avant. Ils le sentent et accourent, se proposent pour m’amnésier !
Mes épines ne leur font pas peur, ils savent la douceur sous ma violence, le velours sous mon feu… Ils ouvrent mes pétales, ils y prennent le temps, pour mettre mon cœur à nu, trouver où cajoler, appuyer là, oui là exactement, sur le bouton saillant, pour faire éclore mon plaisir en grand…
Ils savent mon appétit décuplé par le mépris, ma bouche qui salive, mes mains qui tremblent à leur approche, toucher, lécher, gober, baver !
Avaler.

J’ai retrouvé les recoins propices à mon grand écart. Entre deux expos, me pauser dans un sauna plutôt qu’au salon de thé, du cul entre deux rasades de culture.
Dès le vestiaire, poliment, certains, déjà, me proposent un massage, mais non merci, je vais d’abord vous observer, tous, faire mon choix, je ne m’ouvre pas à la première main qui me frôle. Aujourd’hui, ne me dites rien, les flatteries débiles ne vous seront d’aucune aide, je vais chercher la pétillance d’un regard, le pulpeux d’une bouche, la rondeur d’une épaule, le glabre musclé d’un torse, et le poids, surtout, la masse d’un corps de colosse. Je veux être soulevée et me sentir plume, je veux être écrasée et me sentir aussi fragile que je n’ose m’avouer l’être.

Traverser le salon en habituée, descendre dans les bas-fond avec l’air conquérant de celle qui assume la raison de sa présence en ces lieux, me diriger crânement vers les douches… Ça permet de faire un premier inventaire des mâles présents. Ici les tarifs attirent les hommes seuls, le choix est vaste, l’abondance donne le tournis. Hey les mecs, je viens faire des tours de manège, lequel me procurera le meilleur vertige ?
Depuis la douche, je les observe, eux dont j’aimerais saisir la beauté sauvage dans la vapeur, eux comme un rêve inavoué, eux dont je vais peut-être tenter d’obtenir qu’ils m’engloutissent en groupe, eux à qui je veux livrer mon corps blanc pour qu’ils s’y ventousent tous, s’y agglutinent et le dévorent.
Ils sont 6 dans le petit jacuzzi. Comme dans une marmite bouillonnante, et c’est moi la cannibale qui les fait mijoter. 6, c’est ma dose. 6 clones de l’objet de mes fantasmes, pince moi je rêve… Comme devant une belle boite de chocolat, je commence par lequel ?

Il reste une place?
Mangez-moi! Mangez-moi! Mangez-moi!
Mangez-moi! Mangez-moi! Mangez-moi!
C’est le chant [de la salope] qui supplie
Qui joue avec les âmes
Et ouvre les volets de la perception

J’ai grimpé dans le chaudron, j’étais debout, au centre des remous. Tout autour, ces 6 hercules sombres à qui je faisais ainsi comprendre qu’ils pouvaient me prendre. Je sais bien que le contexte me rend précieuse, que ce n’est qu’un échange de service et que l’étape séduction est inutile. Ça va vite, à moi le choix, à eux une salope en manque qui les sollicite. Ok, on marche comme ça, affaire conclue? Évidemment qu’ils ne font pas les difficiles, et même si certains auraient sans doute espéré le 1+1, c’est à prendre ou à laisser…
Devinez?
Ils ont tous pris. Sans un seul mot, le ballet des mains et des bouches, d’abord. Puis certains ont chuchoté des mots crus, salope c’est ça que tu veux ? Et mes gémissements les ont encouragés à continuer, à oser davantage, à s’affirmer, à m’empoigner, me mordre, me serrer le cou en accompagnant leurs gestes de propos de plus en plus excitants. Leur donner la mission de me dominer, oui fort, oui je suis une chienne, les galvanise… Mais je jouis d’être celle qui obtient ce qu’elle est venue chercher. Soyez fermes, brutalisez moi, crachez moi vos mots les plus sales, je ne mérite que ça… Et ensuite je vous dirai merci, quand enfin, vous m’aurez épuisée et souillée. Mais j’espère que vous serez à la hauteur, les petits pétards mouillés qui explosent d’une minuscule étincelle, non merci. Je veux avoir du mal à marcher, le cul endolori pour plusieurs jours, des marques qui me donneront chaud à me refaire le film de ma vicieuse virée.

Sans se connaitre, ensemble ils ont assuré, comme une équipe bien entraînée à anticiper, compléter, poursuivre, accompagner, soutenir, prendre la relève… Du banc de touche à l’échauffement avant d’entrer sur le terrain, passages de témoin, relais fluide et sans chute de rythme…
Et, cerise sur le gateau, ensemble, ils m’ont savonnée et rincée sous la douche chaude qu’ils ne laissaient pas s’arrêter, un massage pour soulager les courbatures qui ne manqueraient pas de me rappeler, demain au réveil, de quelle scène j’étais l’héroïne.

Ils ont bien tenté de savoir si je venais souvent, ou de me soutirer mon 06… Comme si recommencer, séparémment, pouvait être un projet excitant… Non merci, les garçons mais merci !

Mardi il reviendra me voir
O gué vive la rose
Mais je n’en voudrai pas
Vivent la rose et le lilas

Évidemment que moi, j’en voudrai. Et il le sait. Il va s’en voir une autre ? Plus belle que moi ? Pour mon cul, il reviendra, pour mon cul, il revient, pour mon cul, il est revenu.
O gué, vive la rose !

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