A faire bander un homme au loin

« Tu te lasseras », dis-tu.
Mais s’il y a bien un jeu dont je ne suis toujours pas fatiguée, pas encore, c’est celui de vouloir te surprendre, à l’ouverture d’un message pas sage, d’une photo qui, instantanément, ferait durcir ton si beau chibre… Le monde et ses recoins comme décor à l’exhibition de mon cul selfisé au retardateur.
Pour toi. L’intention, toujours pour toi.
Qui t’en fous.
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Mais, à vrai dire, c’est moi que ça excite, moi, d’abord, en premier lieu, je crois. Le prétexte de ton regard, que pourtant je sais être en permanence sollicité par une multitude d’images (quand moi, je suis constamment concentrée sur notre bulle), me rend follement inventive, surtout si le contexte m’impose d’être rapide, surtout si je te sens encore plus loin, surtout si je me sens moche et délaissée…
L’image, souvent, s’auto-efface dans le fil de nos échanges, tu vagabondes ailleurs, et, si toi, tu questionnes ma lassitude, moi je peux ressentir ta lecture blasée, ton émotion émoussée, l’indifférence qui pointe, déjà…
Tu ne vois plus ma détermination, ni mon imagination toujours stimulée par mon dévouement à l’entretien de ce que je n’aurai de cesse de trouver précieux: notre histoire insensée.
Je continue, obstinée à vouloir capter ton attention, te surprendre, déclencher ton trouble, et j’espère, peut-être t’éblouir…
Parce que moi, ce jeu-là me rend vivante !
Alors même que (je ne suis pas naïve), tu reluques vite fait, sans prendre le temps d’une réaction que tu me sais pourtant attendre. Tu regardes déjà ailleurs. Tu t’en vas liker de la pouffe décolorée en duckface, tout en répétant que je t’appartiens, te vautrer dans du banal, de l’impersonnel, de l’insipide…
« Je veux que tu m’envoies des photos, le plus possible ».
« Je veux ton cul, maintenant ».
Tu veux, tu veux… C’est davantage de mon obéissance que te vient ta trique, que de l’investissement contenu dans mes clichés.
Cadrages, passage au N&B, touche vintage…
Tu t’en fous.
Je pars en vrille, j’exprime mon engagement, mon abnégation, mon allégeance même, à ton désir… A ce désir que j’espère, dont j’attends la confirmation. Inlassablement. Amoureuse.
Tu écriras juste une relance, ce qu’il faut pour retarder le moment de nous perdre. La facilité déjà te gangrène.
Vois tu, si je continue, c’est parce que je me surprends moi-même du résultat que ce désir fou m’inspire.
Mon égérie au masculin, absente et décevante.

Alors, je teste d’autres regards, je cherche des réactions plus exaltées, plus en verve, plus de verges…
D’autres hommes au loin qui savent dire, m’écrire, me nourrir… Des mots contre des photos dans ce jeu du lointain.
Pas juste des « hummm » ou des « encore ! »…  Pas juste des pouces ou des petits coeurs. Non, de véritables commentaires, du temps offert.

Je recadre sur mes cuisses comme des dunes blanches, je force le contraste sur mes poils-buisson ardent, je souligne la courbe, j’efface ou je floute, je joue de la suggestion douce… Attente de ta main, impatience de tes reins…
Dans l’ombre, dans le vaporeux, devine mon désir…
Tu ne le vois pas ? Alors d’autres sauront le percevoir et me rassurer :
« Je suis fan, péniblement fan … c’est du très haut niveau photographique et érotique ».
« Pourquoi tu me fais ça… J’ai la queue dure, là encore… « 
« Elle est magnifique ta photo, c’est ouf, car tu fais tes photos solo, celle-là je la trouve folle… »
« Je garde toutes tes photos, je les aime toutes. Celle là est l’une de mes préférées, »
« J’adore le cadrage et la symétrie, franchement, elle est top ! »

Montrer, me montrer.
A toi qui, par habitude, réclame mon cul, à toi à qui j’aime le donner, mais que ça indiffére… Puis aux autres, par dépit souvent, par dégoût parfois, par déception toujours, et par défi aussi… Eux qui prennent le temps de voir. Eux qui sont là et me consolent, quand ton détachement nous perd.
Ton exigence pour me soumettre a su réveiller une imagination en berne, et tant pis si tu ne sais pas en apprécier les fruits:
Il y a toujours un homme, au loin, que ça fait bander.
#E#K#C

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