Écris et Crie

Je lis peu. J’écris.
J’écris mes rencontres, les bonheurs et les douleurs qu’elles me procurent. J’écris mes fêtes, mes danses duos, mes slows, mes rocks, mes reggaes, mes valses, mes salsas, mes bacchatas, et mes danses bacchanales, mes pogos, mes rondes, mes madisons…
Je tourbillonne, et mes ébauches s’accumulent. Je change un mot, de ci, de là, un nouveau bonheur, une nouvelle douleur, un nouveau récit, avant même d’avoir digéré mes précédents chaos sensoriels, avant même d’y poser le point final.
Maux/mots, ce n’est pas une blague, mais bien une véritable thérapie. Écrire, pour ne pas voir le psy, me dire, pour supporter. Crier, pour continuer… Triturer l’histoire, l’autopsier…
Je passe du rire aux larmes, je me contredis, j’aime et je hais, j’haime, je tempête puis m’écroule, je m’agite puis m’endors. Repli, discrète, secrète, avant de me propulser encore, en avant, hurlante, haletante, extravertie, dérangeante, vivante…
Écrire ma reconnaissance. Crier mes bonheurs. Écrire, pour les conserver précieusement dans mon reliquaire capitonné du velours de vos peaux…

Oui, si je me résume, j’ai toujours eu cette fringale terrible des hommes. Des. DES !
Du sexe comme je respire. Comme j’ai besoin d’eau pour vivre, de manger pour avancer.
Une boulimie des différences, de peaux, de tailles, de poids, d’âge, de couleurs, de styles, de caractères, de personnalités. Varier les menus, les goûts, les saveurs… un jeu à l’infini.
Évidemment, le choix – non « l’envie »- pourrait commencer là, « cérébral ». Mais mon attirance (mes déclics, mon instinct ?) est un phénomène qui ne souffre d’aucune règle, d’aucun code, sauf celui de ma liberté. Oui, parfois, je me « sers » juste au physique, comme me saisir de l’assiette la plus jolie, la mieux fournie, la plus fraîche à la cafèt’…
Je n’écris pas mon désir, mais mes désirs, multiples, variés, souvent effrayants, irrépressibles, déstabilisants, joyeux, effrénés, imprévisibles, mais surtout indispensables…
Mon énergie.
Ils m’intriguent, me dérangent parfois, me surprennent, m’enthousiasment, m’enchantent, me remplissent, me bouleversent, me rassurent, me boostent, me sauvent, m’illuminent, me rendent folle, me font enrager, me salissent, me détruisent aussi… quelquefois.
Vivante, dans le bonheur. Vivante, dans la douleur !
J’écris, je crie.

J’écris, aujourd’hui, sur le temps de pose d’une crème pour sublimer ma tignasse grise.
Je serai fière, dans quelques heures, de l’assumer en dansant nue près de la piscine d’une soirée-orgie, joliment accompagnée et protégée par un homme-cadeau-de-ma-vie. Vieille sorcière échevelée, lubrique, vicieuse, généreuse, tendre, aussi, si. Et fragile, derrière la couche d’assurance, derrière le cuir et le tulle, le latex et la dentelle, derrière la chair à nue.
Dans toute l’énergie de mon urgence de vivre. Cette urgence qui m’autorise toutes les folies.
J’écris cette urgence là.
De corps-aimants, de corps aimant, de corps d’amants…
Mon cri.

Et, un jour, j’écrirai, mais ne crierai plus.
Je chuchoterai…
J’ai tellement aimé les hommes, tellement.
Et je me souviendrai…
Merci à F., d’abord, de m’avoir toujours laissée libre.
Merci à Aimon, pour cette première parenthèse bouleversante du grand écart d’âge, pour m’avoir décomplexée face à ta beauté.
Merci à Emmanuel, pour m’avoir ré-éveillée, après la jachère de plusieurs années.
Merci à Aymeric et Nicolas, mes fournisseurs d’énergie, entre 2 séances de chimio.
Merci à Patrick, pour nos 8 années de voyages en « couple parallèle », du Japon au Burkina, de la Croatie à la Guinée, au Bénin, au Togo, au Cameroun…
Merci à Joaquim, à Victor, pour votre si jeune folie qui m’a autorisée à m’assumer, moi et le corps de mes années.
Merci à Oumar pour l’incroyable variété des plaisirs.
Merci à Charly, pour l’amour dévorant, la violence déroutante de sentiments déraisonnables, inattendus. Pour nos corps à corps frôlant la peur.
Merci à Miguel, Seb, Kossi, J.Y, Yves, Michel, J.C, Kadio, Lawal, Fadil… Ma joyeuse bande de médic’amants, présents, vraiment présents, pour nos joyeuses fêtes charnelles et nos bavardages-cicatrisants…
Et tant d’autres, inoubliables…
Et tant d’autres, que je ne connais pas encore.

Et, un jour, je n’écrirai plus. Je tournerai en silence, une dernière fois, les pages de l’album de mes cris de désir, de plaisir, d’amour, de bonheur, de folie, de fureur, de colère, de reconnaissance…

Un album épais et dense.
L’album de mes vies, de toutes mes vies.
Un long et beau défilé de centaines de corps, de sourires, de peaux, de voix, de goûts, d’odeurs, de chairs, de couleurs…
Moments doux, forts, violents, intenses, tristes…
Je serai comme un puzzle. Enfin complet.

« J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »
Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour.

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