Hommage post’hummm

(Feat. Benjamin Biolay et Alain Barrière)

Bordel, elle a résisté, la bougresse ! Teigneuse, dure, sous sa peau si facile à marquer…

Mais rends l’amour
Que je t’avais prêté
Reprendre c’est voler
Mais je t’ai jamais rien, rien donné
S’il te plait rends l’amour
Et je me jette de la falaise
Et je m’en vais te cueillir des fraises
Si tu veux même
Je te baise

Oh oui, oh merde, c’était bien, c’était tellement whouahhh quand c’était bien… Et j’aimais ça, te chuchoter « MA vieille putain, » quand c’était bien… C’est à dire quand j’en avais le temps, quand je n’avais rien de mieux à faire, quand ça faisait longtemps, quand j’étais seul, quand je m’ennuyais, quand tu insistais, quand j’avais besoin de baiser cru, de baiser sale, de baiser violent… Jamais assez pour toi, forcément…
Tu tenais bon, tu encaissais, depuis nos premiers mots vouvoyés, nos confidences et nos petites attentions de la séduction, jusqu’à l’attente, l’incertitude, quand je te laissais t’impatienter dans mes silences, jusqu’à mes assauts de plus en plus violents qu’ils étaient de plus en plus rares.


Elle est bien trop jolie
Et toi je te connais
L’aimer toute une vie
Tu ne pourras jamais
Oui mais, oui mais elle est partie
C’est bête mais c’est vrai
Elle était si jolie
Je n’oublierais jamais


Tu craquais, tu crisais, tu renonçais, tu fuyais.
Je t’insultais parfois, puis je te laissais dans ce flou encore plus insultant. Et je revenais, à la limite de ta digestion du cataclysme, juste avant qu’un autre ne te kidnappe. C’est trop précieux un corps qui sait aussi bien accueillir, partout, mon si gros dard ! Au début, t’en avais peur, tu te souviens ? Je t’ai poussée vers tous les extrêmes, ça oui, car crois moi que, dès nos tout premiers échanges, je l’ai sentie, la lionne boulimique de baises sales qui sommeillait en toi, et trouver une garce de ton espèce, à dompter encore et encore, est le graal des vicieux de mon genre !
Tu brandissais ta devise « La facilité n’est pas sexy ! », alors je t’ai prise au mot, te rendant la vie impossible, faisant de toi ma folle amoureuse, éperdument cinglée du super salaud jouant avec ton petit coeur… Des variations à l’extrême sur l’électrocardiogramme, répétais-tu, beaucoup trop haut, si haut en dinguerie, et bim, beaucoup trop bas en détresse… Puis ce plat, qu’on laissait s’installer en tentant de nous persuader que nos vies respectives seraient plus sereines sans nos enchaînements de séisme. Plat oui, mais l’amour fou toujours là, toujours, que chacun essayait en vain de taire.
Alors, inévitablement, un matin, l’un de nous osait le « Bonjour » que l’autre attendait. Consciencieusement, pendant des semaines, j’évitais le « je t’aime » dont je te savais impatiente, mais je me gavais des tiens. Je savais doser mes effets, je maitrisais tes montées et tes descentes, te rendre accro, frissonnante de désir, t’enflammer d’un mot…
Les premières ruptures, tu laissais libre court à ta colère, exacerbée par mon mutisme. Puis tu as su me surprendre par un vide soudain. Déstabilisant. Tu disparaissais dans ce silence que j’étais auparavant le seul de nous deux à maitriser. Aux lectures de tes textes, je m’emportais de te savoir déjà loin, récits ou fictions, je bouillonnais…
Alors, forcément, je réagissais, furieux que d’autres, déjà, te touchent, et c’était une nouvelle fois reparti, les mots à nouveau nous reliaient, d’abord froids, polis, ou acerbes et affûtés, parce que nous sommes si fiers, l’un comme l’autre…

J’étais ton Monstre, tu étais ma vieille Putain…

Encore un peu de patience, et je nous ressuscite. Nous sommes des phoénix, nous consumant dans la folie lubrique, puis, à chacune de nos résurrections, nous enfoncer encore plus loin dans la perversité. Nos morts, à chaque fois plus longues, nos retrouvailles de plus en plus cinglées, cannibales, suicidaires… Nous savoir immortels, et agir comme se haïr de nous être aussi indispensables.
Ton corps est froid, mais il suffit d’un mot de ma bouche pour que tu brûles. Que je t’écrive vouloir m’endormir dans ton cul, pour que tes fesses s’ouvrent. Alors même que ta dignité t’ordonne de résister encore, de ne pas céder, encore, ou si vite… N’est-ce pas? Cruel dilemme, tu m’attends, quand ta fierté voudrait que tu me haïsses… C’est moi qui te baises, lorsque tu te persuades te contenter de tes jouets vibratoires !
Quand ton écran s’allume, je suis ton Monstre, ton sale connard, ton p’tit mec, « Salaud », « Brutus », « A oublier »,  un 06 que tu connais par coeur ou même juste un point final… Tu n’arrives pas à m’effacer.
Tu me manques mais je ne l’avouerai pas, pas comme ça. 

Tu as raison, la facilité n’est pas sexy. Alors, ne prenons pas le risque de rendre les choses trop simples, on s’ennuyerait ! Notre fin sera éternelle, nos petites morts perpétuelles, nous nous tuerons pour mieux renaître, tu es mon souffle, je suis ton oxygène.
Bonjour, ma vieille putain.

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